I.      Le Corbusier et l’architecture :

 

Charles-Edouard JEANNERET, dit Le Corbusier, est né en 1887 dans le Jura Suisse à la Chaux de Fonds et décédé en 1965 en France à Cap-Martin. C'est un artiste polyvalent. Il fut peintre, écrivain, architecte urbaniste et designer. Il pensait que l'homme devait s'adapter à l'architecture et non l'inverse. C'est pourquoi il inventa en 1947 un outil de travail qui est une gamme de dimensions harmoniques à l'échelle humaine applicable universellement à l'architecture. Il le matérialisa par le modulor qui est une grille de proportions.

 

A.   Le Corbusier et son modulor :

 

Modulor (module et or), outil de son invention. En architecture, un module est une mesure servant à établir les rapports de proportions entre les parties d'un édifice. En mathématiques, or renvoie au nombre d'or, le nombre qui permet d'atteindre "une harmonie que certains estiment parfaite, entre deux grandeurs, notamment deux dimensions, lorsque celles-ci sont entre elles, dans la même proportion que leur somme avec la plus grande."

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Croquis réalisé par Le Corbusier en temps

qu’esquisse de son Modulor

 

Le Corbusier construit et représente sa grille sur la silhouette d'un homme debout, levant un bras. En bâtissant l'échelle humaine, le Corbusier rejoint notamment les architectes de la Grèce antique. Comme ceux ci il aménage l'espace architectural pour que le corps s'y reconnaisse.

 

Sa réflexion sur le comportement de l'homme, sur l'équilibre des volumes, de leurs dimensions et proportions l'amène à établir une grille de mesures s'appuyant sur le "Nombre d'Or". Il construit sa grille par rapport aux différentes parties du corps humain et l'appelle "le Modulor".
C'est avant tout la prise en compte de l'homme, "cet animal qui doit pouvoir s'ébrouer tout à son aise dans l'espace de sa maison", qui guide les choix architecturaux de Le Corbusier.
            La nature est mathématique, les chefs-d'œuvre de l'art sont en consonance avec la nature. Ils expriment les lois de la nature et ils s'en servent". Voilà bien le credo sur lequel Le Corbusier fonde son action.

Au modulor va s'ajouter un besoin de normalisation aussi bien en architecture qu'en construction mécanique. Cette normalisation s'impose esthétiquement, "pour plus d'harmonie" et économiquement dans cette phase de reconstruction urgente au lendemain de la guerre. La nécessité est la construction en masse de logements (le Corbusier va jusqu'à parler de "machine à habiter"). Le modulor est ainsi utilisé pour respecter l'échelle humaine.

 

Le Modulor lui apparaît aussi comme le moyen de dépasser les deux systèmes de mesure qui divisent la planète.

L'échelle du Modulor suit la progression de Fibonacci, suite qui tend vers le nombre d'or, principe qui va de soi puisque pour Le Corbusier l' "on a démontré et principalement à la Renaissance que le corps humain obéit à la règle d'or".

 

 

 

 

 

            Le Modulor n’a eu qu’un succès très illimité jusqu’à présent. Comme la construction est forcement un processus d’addition d’éléments identiques, la standardisation n’a pas pu se  servir du Modulor comme Le Corbusier l’aurait souhaité. L’application systématique du Modulor ne sera pas aussi commode pour le projet qu’un système plus simple. En appliquant le Modulor à son Unité d’Habitation à Marseille, Le Corbusier a pourtant démontré comment sa méthode pouvait mener à des proportions agréables pour l’œil et le corps.

B.   Le modulor et son corps :

On retrouve ici également un rapport entre corps humain et nombre d’or mais d’une autre façon. En effet, ici, on retrouve la suite de Fibonacci.

Comment expliquer ce retour à l’humanisation de l’architecture ? Le XX ème siècle  est le siècle de la modernité et les conceptions architecturales se centrent sur l’homme en tant qu’individu et les dimensions humaines comprises comme rapport entraîne que la proportion d’or s’étend à l’architecture.

 

C.   Le Corbusier et ses autres projets architecturaux :

1)     De l’architecture à l’urbanisme:

 

Pour Le Corbusier, la « machine à habiter » résulte de l’assemblage d’ »organes », définies par leurs formes et leurs relations. C’est au niveau de l’architecture que commence l’urbanisme. Pour lui, un organe ne fonctionne pas isolément, mais seulement dans le contexte s’un organisme : il ne saurais y avoir d’architecture sans urbanisme et inversement.

« Architecture en tout, urbanisme en tout ».

On retrouve bien chez lui les idéologies du XXème siècle avec l’importance de la ville dans ce siècle de modernité.

 

Dès 1922, le projet d’immeuble-villes, d’où sortira, 25 ans plus tard, l’Unité d’habitation, fournit un exemple de la façon dont Le Corbusier comprend un outil architectural intégré, « instrument de rénovation urbaine ». Le groupement des cellules étend à l’espace urbain, la conquête de la troisième dimension, qui s’affirme simultanément, au niveau de l’architecture, dans l’organisation intérieure des cellules : la cohérence organique de la structure de l’espace architecturel et de l’espace urbain est ainsi assurée, en même temps que l’indépendance réciproque de l’habitat et des circulations. De plus, les services communs très importants ne doivent pas seulement constituer des « prolongements de logis » déchargeant la cellule d’un certain nombre de fonctions qui peuvent être assurées dans de meilleures conditions sur le plan collectif que sur le plan individuel (laverie automatique, centrale de personnel de service, voire arrosage centralisé des loggias-jardinets…), mais aussi exercer une action rénovatrice sur la structure de la cité elle-même.

On retrouve ici un intérêt particulier du Corbusier sur l’Homme en tant qu’individu qu’il avait éprouvé dans Le Modulor.

 

2)     La cité radieuse de Marseille : 

 

 

 

« Le Corbusier » est un navire qui envoûte ceux qui s’y embarquent. Ses passagers ne sont pas seulement des habitants : tous ensembles, ils forment une société, régie par des codes et construite autour de valeurs qui ne sont pas celles des citadins ordinaires.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

                Page du journal, le Méridionnal

                    Dimanche 13 Février 2000

 

 

 

 

 

 

Mais où construire ?

Marseille, dont la guerre – bombardements alliés et dynamitage des quartiers du  Vieux port par la Wehrmacht- a détruit le cœur, va lui offrir l’occasion de mettre en œuvre, en vraie et spectaculaire grandeur, les théories qu’il cisèle depuis un quart de siècle.

C’est au mois d’août 1945 que le ministère de reconstruction et de l’Urbanisme passe commande au Corbusier. L’architecte pose au ministère une seule et unique condition : être « affranchi de toutes les réglementations en cours ».

 

On ne se trompe pas quand on dit que Le Corbusier a respecté son idée sur l’importance de l’homme lui-même dans son Unité d’habitation car la Cité Radieuse de Marseille est une des plus connues et que chaque « organe » de celle-ci a été réalisé en fonction du Modulor. De plus, en arrivant sur les lieux, l’architecte a décidé de nous annoncer la couleur en gravant dans le mur un enchaînement de son œuvre et dans la cité même plusieurs statues également montrent le Modulor.

Quarante ans plus tard, les passagers de la Cité Radieuse s’émerveillent de ce concept, même s’ils éprouvent parfois des difficultés à caser leur réfrigérateur dans la cuisine

 

On est surpris en arrivant face à cette cité car elle est sur pilotis. Certains pensent qu’en détachant nettement la maison du sol, ils permettent de faire l’économie des fouilles et de disposer de façon plus salubre les locaux d’habitation. Mais, en réalité, le pilotis, en créant 2 zones superposées, continues : au sol la circulation qui n’est plus désormais canalisée par l’alignement des maisons, et, dans les niveaux supérieurs, l’habitat, posent le principe d’une redistribution dans les 3 dimensions de l’espace architectural et de l’espace urbain. La « machine à habiter » s’affirme ainsi d’emblée comme une machine à faire circuler voire comme un « instrument de rénovation urbain ».

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Parchemin de la Cité Radieuse de Marseille.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Unité d’Habitation à Marseille,

Représentation plastique du Modulor – 1945-1952